LA TAVERNE - planter des arbres

C’est une thématique qui revient à de multiples reprises dans cette époque de green washing à tout va...

Planter 1 milliard d'arbres : pourquoi ce n'est pas une si bonne idée

https://www.francesoir.fr/environnement/planter-1-milliard-d-arbres-pourquoi-ce-n-est-pas-une-si-bonne-idee

Déjà, pourquoi "planter" : un système naturel, sous nos climats, si on lui fiche la paix, devient une forêt.

Si ce n'est pour justifier des financements ? En premier lieu ceux qui permettent à des pollueurs de présenter une neutralité carbone qui n'existe qu'en rêve : il suffit de payer tant et tant à un organisme qui plante des arbres (dont personne ne sait ce qu'ils deviendront dans 10 ou 20 ans !)...

Mais tant que les médias nous bassineront avec ça (jeter un oeil sur "Aux arbres citoyens" sur France 2 mardi dernier !).

did67 a écrit:

...Mais tant que les médias  nous bassineront avec ça (jeter un oeil sur "Aux arbres citoyens" sur France 2 mardi dernier !).

même pas regarder c’était couru d'avance...

did67 a écrit:

Déjà, pourquoi "planter" : un système naturel, sous nos climats, si on lui fiche la paix, devient une forêt.....

bien d'accord, c'est pour cela qu'il est totalement impropre de parler de "prairie naturelle" (voir malhonnête pour certain) mais de "prairie permanente" qui est un milieu anthropisé,même si c'est faiblement. il n'existe de prairie naturelle que dans des milieux très spécifiques comme la très haut montagne, ou proche des régions polaires...
par contre la plantation d'arbre (pas forcément en "forêt") peut être intéressante...

attention aussi la reforestation est parfois très utile voir le travail d'H.Fabre sur le mont Lozère après l’état de surpâturage où il était au XIX° ....il existe des photos édifiantes !

Tout à fait. J'ai caricaturé. Tu fais bien de corriger. Ou préciser.

did67 a écrit:

Déjà, pourquoi "planter" : un système naturel, sous nos climats, si on lui fiche la paix, devient une forêt..

Parce que, me semble-t-il (mais ce n'est que mon sentiment, je n'ai pas fait de recherche à ce sujet...), ce que veulent ceux qui financent ces plantations d'arbres, ce n'est pas des forêts avec leur biodiversité, c'est des champs d'arbres, rentables économiquement, même s'ils sont très vulnérables aux incendies et aux parasites...

Ce que je critiquais oplus haut, ce n'est même pas ça.

Ça, c'est la sylviculture telle qu'on la connait dans les Landes, mais aussi ailleurs (le système "coupe rase", facilement mécanisable, suivi de replantation, pour avoir le label PEGC puisque la forêt est "durable")

Non, ce sur quoi il serait urgent d'ouyvrir les yeux, c'est sur le "compensé carbone". Tu fais un voyage en avion, tu crames je ne sais pas 20 t de kérosène. Tu verses tant et tant à tel organisme qui te vend un certificat "prouvant" qu'elle a planté tant et tant d'arbres, qui, à terme, "consommerons" tant de CO² - la même quantité que les 20 t de kérosène ont produit. Tu affiches que ton voyage est "neutre" en C (ce n'est pas nouveau, déjà Yann-Arthus Bertrand, quand il faisait ses fameuses émissions, avec de très belles images qui nécessitaient des heures d'hélicoptères, après un long voyage en avion, l'affichait a générique).

Voir par ex : https://opera-energie.com/compensation-carbone/

Ou :

https://www.linfodurable.fr/entreprises/compensation-carbone-comment-ca-marche-32568

Notez, en bas : "le prix varie entre 20 et 80 euros la tonne d’équivalent carbone. Cela dépend de la typologie du projet soutenu. Un verger de châtaigniers en agriculture biologique ne coûtera pas le même prix qu’un verger conventionnel."

Alors ayez un peu de mauvaise foi : je suis jeune agriculteur ; je vois que la crème de châtaigne est un marché porteur... A partir de là, deux options :

a) je ne connais pas ces systèmes ; personne ne m'a contacté ; je vais au Crédit Agricole ; j'installe mon ha de chataigners, que je rembourse avec les ventes... Classique...

b) je connais ; je vends les certificats comme quoi j'ai installé tant et tant d'arbres qui représentent tant et tant de tonnes de C ; je touche la somme indiquée...

Expliquez-moi quelle est la différence pour la planète ??? Aucune !

Je ne connais pas les détails des contrats : quelle durée ? Si après 10 ans, mes châtaigniers sont malades, je les coupe et je les brule ? La compensation est-elle versée chaque année ?

Et quand il s'agit de projets à l'étranger, dans diverses "républiques bananières", qui compte les arbres ? S'assure qu'ils ne sont pas "vendus" 36 fois dans 36 pays riches différents ? Qu'ils ne servent pas de nourriture aux chèvres ? Qu'ils ne sont pas morts de la première sécheresse ?

Les docs sont étonnamment silencieux sur ces questions !

https://www.hellocarbo.com/blog/calculer/arbre-co2/

J'étais très bourré hier - je crois qu'on dit "à la bourre" ? C'est pas pareil ??? Je n'ai donc pas exploité un des docs cités. Malgré des maladresses dans la rédaction, Crabo academy a essayé de synthétiser quelque chose qui est globalement juste (bien sûr, on peut pinailler, comme toujours dans une approche "macro")

"On l’a vu, en moyenne, un arbre est capable de stocker entre 20 et 35 kg de CO₂ par an. Si l’on prend la haute moyenne (35kg), alors nous devons planter 360 arbres par français et chaque année. Et pour la totalité de l’empreinte des français, cela représente 24 milliards d’arbres, soit 38% de la surface de la France à recouvrir ! "

Les 20 à 35 kg, c'est le CO² absorbé pour fabriquer sa biomasse sèche (sur la base de la croissance moyenne d'un arbre moyen). Chaque année.

Un français a un bilan C équivalent à environ 10 t de CO² par an.

Le calcul est juste.

Mais la conclusion me parait erronée : tant que ces arbres grandissent, ne sont pas coupés, pas malade, en moyenne, ils absorbent ce que les français rejettent.

Mais... car il y a un mais : dès lors qu'on les coupe pour les bruler, ce même CO², patiemment stocké par l'arbre est relâché en un instant. De même si on ne touche pas la forêt - et de façon qui peut surprendre : les arbres meurent, tombent au sol, où des hétérotrophes vont s'en nourrir (insectes, champignons surtout) et décomposer, en quelques années, cette biomasse. Produire autant de CO² que l'arbre en avait absorbé durant sa vie. Le relarguer dans la nature. Une forêt naturelle, en équilibre, ne stocke rien : en même temps, absorption par les jeunes arbres et relargage par les vieux qui sont démantibulés se composent. La formation d'humus elle-même, ne soustrait que temporairement, puisque le taux d'humus du sol va lui aussi s'équilibrer : en équilibre, il s'en forme autant qu'il ne s'en minéralise. Le bilan est nul.

De façon tout à fait contre-intuitive, il faut couper des arbres devenus assez vieux, pour que des jeunes prennent la relève. MAIS STOCKER CE BOIS.

Je ne sais pas si le puits de C qu'est la forêt française existante a été évalué. Probablement. Cela correspond au volume de bois extrait mais non brulé / non laissé à pourrir sur place. Faut encore que je fasse des recherches quand je serai débourré.

Un premier chiffre - c'est dingue la difficulté à trouver ce chiffre basique ! Tout le monde se gausse du "stock"... La forêt française séquestre tant et tan... Cela veut dire que les arbres "renferment" tant et tant - et non pas "prélèvent tant et tant chaque année"... Je viens de réaliser toutes les confusions autour de ces notions...

"La filière bois, selon la durée de vie du bois extrait et manufacturé, contribue ou non à la lutte contre le réchauffement climatique. Elle a en 2004 utilisé 98 Mt de carbone (équivalant 359 Mt de CO2) mais dont une partie (papier, carton, cagettes, etc.) ne contribue pas à stocker du carbone. "

Donc 359 millions de t de CO² "mis de côté", mais par pour longtemps s'agissant de papier, carton et cagettes...

Ne me reste plus qu'à trouver le cubage des bois destinés à ces filières tellement courtes qu'il est mensonger de parler de "séquestration". Puis, soustraire...

Si, pour spéculer, on prend la moitié, 150 millions de t de CO² capturés plus longuement (meubles, bois de construction, etc), c'est tout de même ce que dégagent 15 millions de français : pas mal !

"une nouvelle entreprise basée aux États-Unis et répondant au doux nom d’African Agriculture Inc vient de signer une série d’accords lui donnant accès à plus de deux millions d’hectares de terres au Niger pour la production et la vente de crédits carbone. L’idée consiste à planter des arbres qui fixeront du carbone atmosphérique dans le sol, et de vendre ensuite ces crédits positifs à des entreprises polluantes, pour qu’elles aient un bilan soi-disant moins catastrophique. En théorie ! Cela s’appelle l’ « agriculture carbone ». Et elle s’ajoute à la longue liste de fausses solutions comme l’ « agriculture intelligente face au climat » et les « solutions basées sur la nature », autant de beaux noms pour tromper l’opinion. Il s’agit en réalité pour de nombreuses entreprises de créer de nouvelles sources de profit, en utilisant la crise climatique comme tremplin."
S’offrir des terres du Niger pour des crédits carbone : le nouveau greenwashing qui prend de l’ampleur en Afrique

Là, la supercherie est encore plus considérable, car on l'a compris, la fixation de carbone dépend de la quantité de biomasse produite chaque année.

Au Niger, la croissance des arbres ayant survécu aux chèvres est très faible...

Donc ce ne sont pas du tout les 20 à 35 kg de CO² par an évoqués pour une forêt française !!! C'est plutôt des grammes !