LA TAVERNE - un bilan bien présenté et courageux

voilà un bilan bien présenté et réaliste proposé par la ferme de Cagnolle, ça remet les idées en place sur pas mal de contextes et sur la réalité
là où beaucoup voient "LA" solution, on a une belle mise en garde et elle est faite par un homme de terrain, qui a lui même vécu ce qu'il raconte

Oui, c'est assez honnête...

On pourrait approfondir ou compléter l'un ou l'autre point...

J'y vois le retour à la réalité d'un projet sans doute, à mes yeux, très naïfs. Et une millionième démonstration du fait qu'il ne suffit pas de maîtriser "techniquement" !

En clair (et en filigrane, donc non vraiment dit) : si on n'a pas des bobos pour leur vendre des légumes de qualité au prix qu'ils valent, et ben on a un problème !

L'orientation vers la production de "semences paysannes" n'est qu'une niche ! Il se peut que la Ferme de Cagnolle s'en sorte par là. Je leur souhaite. J'aime bien le gars. Donc je leur souhaite deux fois ! Mais du coup cela pose la question de la viabilité de ce genre de "modèle".

Il y a une deuxième impasse, technique, dans son modèle : il n'y a pas assez de "biomasse" dans les terroirs pour convertir un grand nombre de fermes à ce modèle.

C'est la question délicate de la "généralisation" des expériences-pilotes. Et le parent pauvre de la réflexion "alternative" - j'ai dû écrire quelque chose sur éconologie. On ne va pas y revenir. Revenir sur éconologie, je veux dire - c'est tellement confortable ici, hein ? Non ?

C'est aussi la raison  pour laquelle j'admets que ma façon  de jardiner n'est pas une solution pour tous ! Même si il y a de la marge, si on se ballade moins à cheval le week-end !

La question des marchés publics est intéressante. J'ai été soumis aux marchés publics, en tant que directeur d'un établissement public. Et je confirme la difficulté - même quand on souhaite travailler sur des circuits courts.

Il faut rappeler que la législation française est basée sur l'hypothèse que tout fonctionnaire est malhonnête. Dès lors il faut des procédures particulières - commissions d'appel d'offre - pour assurer la transparence, etc... Et une deuxième conséquence, est la distinction entre "l'ordonnateur" (celui qui passe commande) et le "payeur" (anciennement le percepteur, aujourd'hui l'agent comptable), qui contrôle le premier. Si vous pouviez imaginer les tracasseries. Si je gère une entreprise privée qui a un  chiffre d'affaire de 500 000 €, je décide, sors mon carnet de chèque et part avec la Porsche Cayenne. En tant que directeur d'un établissement public avec 2 millions d'€ de budget, si vous pouviez imaginer les tracasseries pour remplacer les ordinateurs !!! Pas moyen d'avoir une flotte homogène. Une année, vous avez le budget pour équiper une salle - appel d'offre, vous vous retrouvez avec des HP. L'année d'après, c'est ACER qui gagne ! Le même bonhomme. Ici, c'est le boss. Là-bas c'est un incapable (juridique) ! Et au bout, ce que raconte le gars de la Ferme de Cagnolles. C'est plus simple d'acheter à un grossiste de Rungis.

[Et ne penser pas "fractionner". La chambre régionale des comptes aura vite fait de vous tirer l'oreille. Vous devez organiser un appel d'offre pour tous les légumes ou toutes les viandes d'une année....]

C’est également une question de partage - si possible - des tâches...

Je ne connais pas sa situation personnelle mais si dans, par exemple, un couple il y a un producteur et un vendeur qui s’éclatent chacun dans leur partie c’est plus simple.

Mais faire les deux c’est la galère

Ensuite il y a la question des prix et ça... c’est plus compliqué

dans une de ses vidéos il présente un producteur bio, en bio intensif, qui s'en sort mais en vendant sur le marché chaque semaine et en gardant en chambre froide

mais c'est plus un cahier pour les notes de quand semer quoi, c'est un véritable ordi, tout est géré au millimètre près, standardisé,

donc des gens qui ont suivi de "véritables" formations et qui ne se permettent aucun écart, on n'est plus dans le farfelu, nus pied en perma