BELGIQUE - Potager et tentative de reconversion

Salut à tous,

Je prends enfin le temps de me présenter, dans l'idée de pouvoir intervenir sur ce forum et partager ma passion des plantes en général (potager, fleurs, arbres...).
Cela fait quelques temps que je me suis inscrit ici. Au départ je recherchais un forum où intervenait le fameux Did67 après avoir visionné presque l'intégralité de ses vidéos sur sa chaîne YouTube.

J'ai la quarantaine, marié et père de 3 enfants. D'origine française (Moselle 57), je vis en Belgique dans un village au nord de la province de Namur (région de Gembloux connue pour son école supérieure d'agronomie).

J'avais commencé un "mini-potager" (10m²) de manière traditionnelle lorsque mes enfants étaient petits il y a plus de 10 ans. Le résultat fut médiocre... Mais nous étions quand même contents de manger 2 ou 3 carottes fourchues et quelques laitues. Ensuite, un métier très prenant et des priorités financières (payer le crédit de la maison...) m'ont fait m'éloigner de notre jardin qui n'était plus qu'une pelouse entourée d'une haie de thuya comme il en existe tant chez nous... Je tondais, je taillais les haies, ça devait avoir l'air "propre".

En 2019, lors d'un "coup de mou", j'ai découvert par hasard des vidéos de "potagistes" (dont celles de Didier) et ce fût pour moi une révélation. Je me suis rendu compte qu'il était possible de faire de ce jardin une source de nourriture pour la famille et d'accomplissement personnel pour moi. J'ai donc commencé à transformer mon jardin "bien propre" en joyeuse jungle où poussait un peu de tout sans trop y faire attention. Nous avons eu cette année-là de belles récoltes de tomates, courgettes, potirons.... Mais la météo a beaucoup aidé!

Lors de la crise de 2020, comme beaucoup, j'ai décidé de réorienter ma carrière. Cela faisait longtemps que je tournais en rond dans mon travail (informatique).
Ce fut donc une année de "test" pour voir s'il était effectivement possible de cultiver et de récolter quantité de légumes sur un sol non travaillé, sans pesticide, engrais chimique... Le résultat fût plus que probant. Mais j'ai aussi compris qu'on avait rien sans rien et qu'il fallait quand même "travailler". Et aussi que la nature ne faisait pas de cadeau quand il y a déséquilibre entre proie et prédateur (je pense notamment aux chenilles sur les choux...).

Bref, depuis 2021 j'ai lancé une activité de micro-maraîchage en exploitant mon terrain (quelques ares) et un terrain de 3 ares mis gracieusement à ma disposition par des amis dans le village. Non seulement j'arrive à produire de quoi nourrir ma famille en fruits et légumes une bonne partie de l'année, mais les surplus me permettent de vendre au village où sur des marchés locaux des produits issus de mes récoltes (confitures, gelées, sirops, sauces, légumes...). Je produis aussi des plants (laitues, tomates, poivrons, piments, aubergines, cucurbitacées, haricots, fleurs....) que je revends sur les marchés ou à domicile. Tout cela en quantité limitée évidemment car je n'ai pas (et ne souhaite pas avoir) l'infrastructure et les moyens nécessaires à une production de masse.

Mon bonheur et de pouvoir communiquer et échanger ma passion avec mes clients ou amis.

Je reste persuadé que même avec un tout petit terrain et beaucoup de courage, il est déjà possible d'assurer une bonne part des besoins de sa famille en alimentation végétale. Il faut juste ne pas avoir peur de tester, d'observer, de faire confiance à la nature. Il faut surtout savoir apprendre de ses erreurs et toujours se remettre en question quand ça ne fonctionne pas comme on l'aurait souhaité. Aussi, bien sûr, ne pas tout miser sur une seule culture. Il y a toujours des années à X ou Y. En 2021, les tomates étaient ravagées par le mildiou mi-juillet mais les courges et les haricots ont très bien donné tout l'été.

Voilà, je vais essayer de partager le plus souvent possible avec vous mes techniques, succès ou échec et surtout ma passion du potager!

Dans un prochain post, je présenterai mon modeste potager et ma façon de travailler et d'envisager les choses.

Bonne continuation à tous et au plaisir de partager notre passion commune!

Et bien voilà qui fait plaisir...

Oui, la "paresse" n'est pas ne rien faire - tout système livré à lui-même, sous nos latitudes, devient immanquablement une forêt dans laquelle ne pousse pas grand chose de comestible pour l'homme (il faut en parcourir des kilomètres, pour ne pas mourir de faim !).

Et oui, les années se suivent et ne se ressemblent pas : je traverse une année catastrophique où j'ai à peu près tout les malheurs qu'on peut avoir - de la sécheresse (j'ai eu, enfin, 10 mm de pluie il y a quelques jours - pas de quoi mouiller le sol) aux sangliers qui ont fait deux passages (comme si le premier n'avait pas suffit ! Grave négligence : ma clôture électrique n'était pas en état) en passant par limaces (contenues, mais non sans dégâtes), oiseaux (qui m'ont achevé quelques jeunes pousses), rat-taupiers (qui m'en ont "dégagé" pas mal) pour finir avec des attaques de pucerons comme jamais (que les auxiliaires sont en train de nettoyer mais pour certains plants, trop tard !).

Et re-oui : un système "naturel" expose davantage aux risques. Sans "bombes atomiques chimiques", on est parfois démuni face à un sol froid et humide qui ne minéralise pas (chez moi, fin mai ! Après une dernière petite gelée le 19 !) ou une attaque de tel parasite qui profite d'une situation (météo, organisation du potager, habitat...) favorable et qui prend de vitesse les auxiliaires (qui viennent toujours "après", parfois "très tard" ou "pas du tout" - la même situation leur est particulièrement défavorable !)...

Je n'en vis pas. Donc no-stress. Même si le moral en prend un sacré coup (car malgré tout, il a fallu prendre soin des semis, plants - arroser, aérer, recouvrir tous les jours !).

Et vite, on rebondit. En sachant que la belle saison sera l'automne, vite vite, c'est reparti pour des semis, des plantations... Comme tu le dis, il y a toujours quelque chose qui marche.

Bienvenue sur le forum

Belle reconversion pleine de promesses

did67 a écrit:

Oui, la "paresse" n'est pas ne rien faire - tout système livré à lui-même, sous nos latitudes, devient immanquablement une forêt dans laquelle ne pousse pas grand chose de comestible pour l'homme (il faut en parcourir des kilomètres, pour ne pas mourir de faim !).

Ne pourrait-on pas nuancer ... un peu et dire que l’homme est également devenu... totalement inculte (c’est le cas de le dire) dans la connaissance des plantes comestibles.

Quand on voit tout ce qui peut se consommer et qui pousse tout seul on se dit que des fois y a qu’à se baisser et pour le coup sans rien faire du tout.

Hormis toutes les plantes comestibles, ne seraient ce que tous les fruitiers laissés à l’abandon (en tous les cas par chez nous) : noyers, noisetiers (sauvages pour le coup), mirabeliers, pommiers, poiriers, amandiers...

Et pas forcément besoin d’aller en campagne d’ailleurs où le phénomène est moins prégnant.
Mais dans des milieux anciennement agricoles et mités par l’habitat diffus il y a des mines d’or.
J’ai vu des mirabeliers de 7m de haut rouges et jaunes de fruits que personne ne cueillaient...
Idem pour les noix

Il faut se pencher sur les "grosses masses".

Oui, il y a des herbes sauvages comestibles. Mais la "productivité" est tellement faible que cela permet de nourrir une famille tous les 20 km... (je dis ça au pif ; mais la famine a été le grand régulateur de la surpopulation pendant des millénaires - et ce n'est pas vrai que pour les gnous !). Donc ne pas se leurrer. Il y a un lien étroit entre agriculture et population. Avant le blé, c'était une sorte d'herbe (graminée) ! Sort dans la prairie devant chez toi, et ramasse de quoi remplir un bol de féculent !

Oui, les arbres qu'on néglige hérissent les poils ! Mais là encore, compare avec le flux de camion qui va alimenter Rungis ! On est dans des ordres de 1 pour 10 000.

Donc oui, il est "sympa" d'organiser le ramassage de ces fruits perdus (ce n'est pas simple : je "glane" chaque année - juridiquement, je vole, puisque je ne demande pas ; je ne sais pas à qui c'est ; Laurence s'est fait engueulée grave par quelqu'un qui laissait pourrir les fruits mais ne voulaient pas qu'on en ramasse !).

Mais être conscient que tous les arbres qui m'entourent ne représentent pas la production d'un quart d'ha de verger de production ! Si on est 20, on va se battre pour partager !

Donc non. Même si un ou deux hurluberlus peuvent se nourrir en glanant, on ne peut pas nourrir la population avec ça. Il faut cultiver !

En raisonnement de masse tu as entièrement raison.

Pour des consos perso en revanche, selon les endroits ...
Quand je vois la quantité industrielle de chicorée sauvage ... désormais en fleurs, que je rate en hiver, sans parler des pissenlits.

Rien que cela tu te dis : plus besoin ou presque de cultiver de la salade.
Mon voisin (un agri à la retraite) ne s’y trompe pas qui vient de temps à autre m’en piquer (avec mon accord) en fin d’hiver : là je parle de la chicorée.

Tu as raison aussi sur le glanage... cela prend du temps effectivement.
Sans doute la raison pour laquelle on ne le fait pas.

Mais encore une fois à l’échelle d’une population point de salut que «l’industrie»

la France est encore un pays trop riche pour que tant de ressources soient gaspillées, du temps de mon grand-père s-il y avait une partie en patûre, ce n'était pas pour faire le barbecue, c'est pour faire le foin pour les lapins

Didier n'a pas tord mais si toutes les pelouses étaient cultivées comme avant, ça ferait peut-être moins de camion à Rungis

par chez moi, combien de saules ne sont plus ecploiés

Tu as raison.
J’avais déjà laissé l’un de mes champs aux vaches
L’autre c’était de la friche.
Mais depuis l’an passé fini les délires bobos lui aussi passe en mode exploitation avec fauche et ramassage du foin.

Bon ceci dit c’est mon jardin d’agrément maintenant qui sert de jungle refuge
J’ai quand même passé ENFIN un coup de tondeuse ces derniers jours pour faire des passages

Mais nous on a été bien servis.
Certains prés ne peuvent même pas encore être fauchés alors qu’il ne pleut plus depuis une bonne quinzaine maintenant et que ça cogne, mais ils sont encore trop humides.

Je l’ai constaté chez moi aussi... la tondeuse a calé parfois bien que je l’ai inclinée fortement pour ne pas attaquer de front.
Et c’était encore tout humide dessous.

Cela démontre toute l’utilité du couvert en période sèche.

Adrien a écrit:

Mais encore une fois à l’échelle d’une population point de salut que «l’industrie»

J'ai réagi car trop souvent, cela est présenté comme une solution par les fans de telles "approches" - glanage (il fut un temps, les glaneurs urbains occupaient les médias plus que les jardiniers sérieux !), ramassage de plantes sauvages...

J'ai dû en parler ailleurs : le fameux critère de la "reproductibilité", trop systématiquement occulté. "Ce que je suggère, est-ce que cela peut s'appliquer au plus grand nombre ?" Ou au moins à une large part de la population. Si la réponse est "non", cela peut être intéressant, drôle, étonnant, tout ce qu'on veut, mais cela ne résout en rien un problème, ni n'est une solution à quoi que ce soit.

Le "monde réel", c'est "Pour la seule année 2022, 3 millions de tonnes de marchandises dont 1 781 308 de produits alimentaires ont transité par Rungis". Selon le site du MIN de Rungis. C'est en ordre de grandeur 5 000 tonnes par jour, tous jours compris. Tout ne passe pas par Rungis, mais cela situe l'ampleur des problèmes alimentaires. Rien que pour fruits et légumes. Avec ça, on n'a pas de féculents, d'huiles, de légumineuses, de viandes...

Moindreffor a écrit:

Didier n'a pas tord mais si toutes les pelouses étaient cultivées comme avant, ça ferait peut-être moins de camion à Rungis

Oui. En effet. Un peu moins. Paris - et les autres grandes villes - resteraient les "cancers" qui bouffent tout. Et qu'il faut alimenter par des artères (autoroutes).

Les pelouses (tondues) sont un concept récent. Mon père ne savait pas ce qu'était une tondeuse ! Enfin, il n'en a jamais eu. Il a su, vers la fin de sa vie, bien sûr.

Mais on n'était pas non plus dans des lotissements, avec des maisons posées sur 5 ares !

Je pense que beaucoup de gens possédant une maison avec un jardin "pelouse" aimerait bien avoir un potager.
Le problème, c'est le temps que ça prend, même avec nos méthodes "paresseux". Et aujourd'hui, on veut tout tout de suite, sans effort si possible. Combien s'y sont mis pendant le confinement et ont abandonné quelques mois plus tard?
Dans un système "idéal", les communes pourraient organiser et encadrer des associations qui permettraient, sur base volontaire, de mettre en valeur les jardins de particuliers avec partage des récoltes. Ça existe peut être déjà? En tout cas, chez nous en Belgique, une association propose de venir récolter gratuitement les fruits dans les vergers laissés à l'abandon pour en faire des jus. C'est aussi une entreprise de réinsertion qui permet de former des gens peu qualifiés aux métiers de l'alimentaire (conserverie, emballage, transport...).