TECHNIQUE - Préparation des tomates en seaux troués

Alors, comme je l'ai fait aujourd'hui, j'en ai profité pour prendre quelques photos.

Je vous présente ici une technique (qui n'a rien de révolutionnaire) qui permet de préparer ses plants de tomates afin qu'ils soient déjà bien grands, en fleurs et voir même en fruits lors de la "plantation" (qui n'en sera pas vraiment une) en pleine terre une fois les derniers risques de gelées écartés.

Je précise aussi que ce système n'a vraiment d'intérêt dans nos régions du nord où (cf dernière vidéo de Didier), une dernière gelée bien vilaine peut encore frapper aux alentours du 15-20 mai.

L'idée est donc de rempoter en avril un plant de tomate déjà bien formé (premier bouquet floral en formation) dans un grand contenant (ici un simple seau ménager de 10l) afin qu'il puisse continuer sa croissance sans entrave jusqu'à la mi-mai.
Et de pouvoir le rentrer à l'abri au besoin (gel nocturne).

Je fais un premier semis de tomates hâtives (Glacier) vers la mi-février. Avant, je commençais en janvier mais c'est clairement trop tôt ici. Une fois levées, ces tomates passent environ 15 jours sous lampe puis sont rempotées en godet de 9cm et placés dans une véranda ou pergola fermée. Ça peut être aussi en serre, en châssis... L'important étant de pouvoir les protéger d'une éventuelle gelée.

Du coup, ces tomates commencent à se sentir bien à l'étroit début avril dans leurs godets.

On pourrait les laisser comme ça, végéter pendant encore 1 mois ou 2 et leur donner un peu d'engrais pour tenir le coup.
Mais alors quel est l'intérêt de semer si tôt? Mes autres variétés de tomates sont semées 2e quinzaine de mars (le 24/03 cette année).

Si la météo est clémente, les seaux restent dehors jour et nuit dans un abri "froid" et lumineux : pergola, serre, châssis...
La lumière naturelle à cette période de l'année est tout à fait suffisante, même les jours "gris". L'intérêt de les mettre sous abri, c'est qu'il y fera plus chaud que dehors.
On en parle dans bcp de posts sur le forum. En gros, on les met déjà en condition des températures diurnes qu'ils connaîtront au grand air fin mai. Et du coup, ils poussent!

Pour en revenir à la technique des seaux, l'astuce est simple : on perce (à la scie cloche) un trou au fond du seau.
De cette façon, il suffira de simplement "poser" le seau dans une bonne terre de potager à la belle saison et les racines de la plante vont rapidement trouver leur chemin et s'enterrer dans la "bonne terre".
Bon, je gratte quand même un peu la terre sur quelques centimètres avant de poser le seau et j'entoure celui-ci de mulch pour éviter que ça ne sèche trop... Mais je suis quasi sûr que même posé sur une pelouse ça fonctionnerait si le sol est suffisamment humide.

Niveau matos, c'est très simple :

1) Un seau (ou un gros pot, 5l me semble un minimum) dont on a percé le fond :





2) Un plant de tomate déjà bien formé. L'idéal est de travailler avec des variétés hâtives qui vont "vite à fruit" donc des petites tomates. Fonctionne super bien avec de la cerise par exemple... Ici de la Glacier :



A suivre...

Ensuite, on place un carton au fond du seau (sur le trou) pour éviter de perdre du terreau.
Le carton va se décomposer lentement, le temps pour les racines de la tomate de faire tenir le terreau dans le seau :



Remplissage au 2/3 avec ce que vous voulez mais il faut que ça puisse nourrir la plante pendant 50 jours environ. Dans mon cas du simple terreau universel de bonne qualité :



On dépote ensuite le plant, on voit qu'il a déjà pas mal de racine et qu'il commence à être à l'étroit dans son petit godet.
Là on est au bon moment, les racines n'ont pas encore formé un chignon trop dru.



Pour moi, c'est comme ça que doivent être les racines quand on replante, aussi en pleine terre.
Si on attend trop longtemps et qu'on a affaire à un chignon super compact qui prend tout l'espace dans le godet (signe d'épuisement de la plante), c'est en général mauvais signe pour la suite.
Il va falloir alors tailler dedans et la plante va mettre du temps à s'en remettre. Et en culture de tomates ou autres frileuses sous nos latitudes, 2-3 semaines de perdues, c'est un bouquet de tomates de perdu aussi...

C'est une erreur que font souvent les novices. Ils replantent le godet en l'état, sans défaire un peu le chignon de racines. Et souvent, en plus, dans un sol compact et sec (fin mai).
Du coup, la plante va se retrouver comme dans son godet et continuer à tourner en rond avec ses racines sans arriver à explorer le sol autour.
Il faudra alors arroser tout le temps, mettre de l'engrais... Et les résultats seront bof-bof.

Alors qu'une tomate bien implantée dans un "bon sol" (évidemment) n'aura pas besoin de grand chose pour bien se développer et fructifier si ses racines sont capables d'aller explorer loin.

On écarte un peu les racines délicatement et puis on plante. J'enlève aussi les premières feuilles et je place le plant à environ 15cm de profondeur dans le seau (de manière à ce que les feuilles du haut n'aient pas d'ombre) :



Ensuite, je remets un peu de terreau et je paille avec du paillis de chanvre sur 3-4cm EN SURFACE (surtout pas le mélanger au terreau) :



Le paillis va surtout servir à éviter au seau de sécher trop vite et à d'éventuelles emmerdeuses de venir germer en surface (pissenlits ou autres qui arrivent avec le vent...).
Le seau est noir dans mon cas, donc faire gaffe dans les zones très ensoleillées, ça chauffe sec...

J'ai bien mouillé le terreau au départ en le mélangeant. Je dis "mouillé", pas noyé.
Ensuite, l'arrosage se fera par en bas, les seaux seront posés dans des coupelles.
Un bon arrosage par semaine devrait suffire jusqu'en mai. Pour ma part, je pars sur 20% du volume de terre, soit ici environ 1,5l en 2 arrosages sur une même journée : un premier, léger, pour ré-humidifier un peu et le reste, une heure après.

Voilà pour cette petite technique qui n'a rien d’extraordinaire!

C'est un peu de boulot, c'est vrai. Ça coûte 1 ou 2 € de terreau, c'est vrai...
Les seaux peuvent être utilisés plusieurs années (surtout si on prend des seaux de maçon en plastique plus mou qui résiste mieux aux UV).

Je ne le fait plus qu'avec quelques plants, par plaisir d'avoir des tomates en primeur fin mai/début juin.

Et ça marche aussi évidemment avec des poivrons, aubergines, concombres, cornichons...
Les autres courges, à moins de cultiver des variétés naines, faut pas exagérer, ça à quand même besoin d'un bon volume de sol pour se développer vu la vitesse à laquelle elles poussent.

Mais bon, soyons fous! Pour ceux qui veulent tester : une courgette dans une auge à maçon de 50l, ça devrait pouvoir le faire pendant 1 mois 1/2...

J'ai fait à peu près la même chose :

Lundi 12 févr. 2024 ⇒ J'ai pris les 4 plus grands pots que je possède, mis du carton au fond pour que le terreau ne s'échappe pas, rempli de terreau de broyat, semé directement des graines de tomates dans ces pots, que j'ai mis au chaud dans la maison jusqu'à germination.

Pots destinés à être mis au jardin, tels quels, sans dépoter, quand les risques de gel seront écartés.

Depuis la germination, je sort chaque fois que le temps le permet ces pots et les rentre dans une pièce non chauffée chaque soir...

ludowan a écrit:

Je fais un premier semis de tomates hâtives (Glacier) vers la mi-février.

Dans les hâtives, j'ai une exception, qui n'est pas une cerise (ou au mieux une petite tomate) : c'est Gregori Altaï qui est une grosse tomate, quasiment une coeur de boeuf (taille).

Sympa ton tuto Ludo, merci  

A bientôt

did67 a écrit:

Dans les hâtives, j'ai une exception, qui n'est pas une cerise (ou au mieux une petite tomate) : c'est Gregori Altaï qui est une grosse tomate, quasiment une coeur de boeuf (taille).

Avec un nom pareil, je me doutais qu'elle devait venir de loin (montagnes de l'Altai). Elle a l'air sympa effectivement.

Je vais l'essayer l'année prochaine ainsi que de la Siberian. (j'ai mis un rappel dans mon agenda pour en commander en février...).

L'avantage avec ces variétés hâtive supportant "relativement" bien les nuits fraîches, c'est qu'on est quasi certain à 100% d'avoir des tomates, même en cas de mildiou hâtif comme en 2021. Tous mes plants de tomates ont été ravagés en quelques jours autour du 14 juillet cette année là.

Mais : je n'avais pas de serre ou tunnel et je ne cultivais pas de hâtive comme la Glacier adoptée justement après cet épisode.